Dans le cadre d\u2019une proc\u00e9dure disciplinaire, notamment un licenciement, l\u2019employeur doit \u00eatre loyal. Autrement dit, il n\u2019est pas autoris\u00e9 \u00e0 recourir \u00e0 un quelconque stratag\u00e8me pour obtenir des preuves de la faute commise par le salari\u00e9. En outre, il ne lui est pas possible de produire des \u00e9l\u00e9ments qui portent atteinte \u00e0 la vie priv\u00e9e du salari\u00e9, sauf, selon les juges, si la production de ces \u00e9l\u00e9ments est indispensable \u00e0 l\u2019exercice du droit de la preuve et proportionn\u00e9e au but poursuivi.<\/p>\n
Dans deux affaires r\u00e9centes, des infirmi\u00e8res, affect\u00e9es au service d\u2019accueil des urgences de nuit, avaient \u00e9t\u00e9 licenci\u00e9es pour faute grave. Leur employeur leur reprochait d\u2019avoir organis\u00e9 des soir\u00e9es festives au sein de l\u2019h\u00f4pital, parfois durant leur temps de travail, impliquant l\u2019introduction et la consommation d\u2019alcool ainsi que de mauvais traitements inflig\u00e9s aux patients. En outre, les deux infirmi\u00e8res avaient pos\u00e9 en maillot de bain sur une photo prise, pendant le temps de travail, dans une salle de suture de l\u2019h\u00f4pital. Pour proc\u00e9der \u00e0 leur licenciement, l\u2019employeur avait notamment retenu, \u00e0 titre de preuve, des \u00e9changes priv\u00e9s tenus sur les r\u00e9seaux sociaux (messagerie instantan\u00e9e Messenger) dans lesquels figurait la fameuse photo en maillot de bain. Estimant que cette preuve portait atteinte \u00e0 leur vie priv\u00e9e, les infirmi\u00e8res avaient contest\u00e9 leur licenciement en justice.<\/p>\n
Saisie du litige, la Cour d\u2019appel de Versailles avait estim\u00e9 que les conversations priv\u00e9es produites en justice par l\u2019employeur \u00e9taient recevables. D\u2019une part, cette production \u00e9tait justifi\u00e9e eu \u00e9gard aux fonctions des salari\u00e9es et proportionn\u00e9e \u00e0 l\u2019objectif de protection de l\u2019employeur au titre de ses obligations \u00e0 l\u2019\u00e9gard des patients. D\u2019autre part, la photo, puisqu\u2019elle avait \u00e9t\u00e9 prise sur le lieu de travail \u00e0 destination d\u2019une ancienne coll\u00e8gue, relevait bien de la sph\u00e8re professionnelle.<\/p>\n
\u00c0 son tour, la Cour de cassation a consid\u00e9r\u00e9 que les conversations produites par l\u2019employeur \u00e9taient recevables. Selon elle, cette production, qui certes portait atteinte \u00e0 la vie priv\u00e9e des salari\u00e9es, \u00e9tait indispensable \u00e0 l\u2019exercice du droit de la preuve et proportionn\u00e9e au but poursuivi, \u00e0 savoir la d\u00e9fense de l\u2019int\u00e9r\u00eat l\u00e9gitime de l\u2019employeur \u00e0 la protection des patients confi\u00e9s aux soins des infirmi\u00e8res de son \u00e9tablissement.<\/p>\n
\n Pr\u00e9cision\u00a0:<\/span> l\u2019employeur avait \u00e9galement recueilli plusieurs \u00e9l\u00e9ments attestant de l\u2019introduction et de la consommation d\u2019alcool au sein de l\u2019\u00e9tablissement. Il avait ainsi, produit en justice notamment le t\u00e9moignage \u00e9crit d\u2019une aide-soignante ainsi qu\u2019une liste de denr\u00e9es et de boissons, \u00e0 apporter par les salari\u00e9es, d\u00e9couverte dans les vestiaires de l\u2019h\u00f4pital.<\/p>\n Les Echos Publishing 2023<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" La production en justice de photos issues des r\u00e9seaux sociaux est valable m\u00eame si elle porte atteinte \u00e0 la vie priv\u00e9e des salari\u00e9s, d\u00e8s lors qu\u2019elle est indispensable \u00e0 l\u2019exercice du droit de la preuve et proportionn\u00e9e au but poursuivi.<\/p>\n","protected":false},"author":5,"featured_media":17558,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"_acf_changed":false,"_seopress_robots_primary_cat":"","_seopress_titles_title":"","_seopress_titles_desc":"","_seopress_robots_index":"","_monsterinsights_skip_tracking":false,"_monsterinsights_sitenote_active":false,"_monsterinsights_sitenote_note":"","_monsterinsights_sitenote_category":0,"footnotes":""},"categories":[39],"tags":[],"class_list":["post-17557","post","type-post","status-publish","format-standard","has-post-thumbnail","hentry","category-social","typo-actualite"],"acf":[],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/www.bizouard.com\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/17557"}],"collection":[{"href":"https:\/\/www.bizouard.com\/wp-json\/wp\/v2\/posts"}],"about":[{"href":"https:\/\/www.bizouard.com\/wp-json\/wp\/v2\/types\/post"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.bizouard.com\/wp-json\/wp\/v2\/users\/5"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.bizouard.com\/wp-json\/wp\/v2\/comments?post=17557"}],"version-history":[{"count":0,"href":"https:\/\/www.bizouard.com\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/17557\/revisions"}],"wp:featuredmedia":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.bizouard.com\/wp-json\/wp\/v2\/media\/17558"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/www.bizouard.com\/wp-json\/wp\/v2\/media?parent=17557"}],"wp:term":[{"taxonomy":"category","embeddable":true,"href":"https:\/\/www.bizouard.com\/wp-json\/wp\/v2\/categories?post=17557"},{"taxonomy":"post_tag","embeddable":true,"href":"https:\/\/www.bizouard.com\/wp-json\/wp\/v2\/tags?post=17557"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}
\n Cassation sociale, 4\u00a0octobre\u00a02023, n\u00b0\u00a022-18217
\n <\/a><\/cite>
\n Cassation sociale, 4\u00a0octobre\u00a02023, n\u00b0\u00a021-25452
\n <\/a><\/cite><\/p>\n