Les associations peuvent agir en justice pour demander l\u2019annulation d\u2019un acte administratif portant une atteinte substantielle \u00e0 leurs droits (refus d\u2019un agr\u00e9ment ou d\u2019une autorisation, refus de communiquer des documents administratifs, etc.). Ce recours pour exc\u00e8s de pouvoir n\u2019est toutefois pas ouvert contre \u00ab\u00a0les actes de gouvernement\u00a0\u00bb, c\u2019est-\u00e0-dire contre les d\u00e9cisions relevant soit des rapports entre les pouvoirs publics constitutionnels (gouvernement, Parlement, etc.), soit des relations internationales de la France.<\/p>\n
Ces principes sont illustr\u00e9s dans deux d\u00e9cisions r\u00e9centes du Conseil d\u2019\u00c9tat.<\/p>\n
Pendant la crise sanitaire li\u00e9e \u00e0 l\u2019\u00e9pid\u00e9mie de\u00a0Covid-19, plusieurs associations g\u00e9rant des festivals de musique avaient form\u00e9 un recours pour exc\u00e8s de pouvoir contre un communiqu\u00e9 de presse du ministre de Culture du 18\u00a0f\u00e9vrier\u00a02021. Ce communiqu\u00e9, fixant le cadre dans lequel les festivals pourraient se tenir en\u00a02021, pr\u00e9voyait une jauge maximale de spectateurs limit\u00e9 \u00e0 5\u00a0000\u00a0personnes et imposait des places assises.<\/p>\n
Le Conseil d\u2019\u00c9tat a d\u00e9clar\u00e9 que ce recours \u00e9tait recevable. En effet, en principe, une association ne peut pas agir en justice contre l\u2019annonce par le gouvernement de son intention d\u2019adopter un d\u00e9cret. Mais, dans cette situation, les juges ont estim\u00e9 qu\u2019un tel recours \u00e9tait possible car l\u2019annonce du ministre de Culture avait pour objet d\u2019influer de mani\u00e8re significative sur les comportements des associations auxquelles elle s\u2019adressait pour leur permettre de se pr\u00e9parer au futur cadre juridique s\u2019imposant \u00e0 elles.<\/p>\n
Pour autant, sur le fond, le Conseil d\u2019\u00c9tat a rejet\u00e9 le recours des associations au motif que l\u2019ampleur de l\u2019\u00e9pid\u00e9mie de\u00a0Covid-19 en f\u00e9vrier\u00a02021 et l\u2019incertitude de son \u00e9volution permettait au gouvernement de donner des indications sur l\u2019organisation des festivals d\u2019\u00e9t\u00e9.<\/p>\n
Une association avait adress\u00e9 un courrier au Premier ministre afin de lui demander de permettre aux commer\u00e7ants-artisans d\u2019agir en justice contre les autorisations de construire accord\u00e9es aux surfaces commerciales de plus de 1\u00a0000\u00a0m2<\/sup> de surface de vente. Une demande \u00e0 laquelle le chef de gouvernement n\u2019avait pas r\u00e9pondu.<\/p>\n Face \u00e0 cette absence de r\u00e9ponse, l\u2019association avait alors form\u00e9, devant le tribunal administratif, un recours en exc\u00e8s de pouvoir afin d\u2019obtenir l\u2019annulation de la d\u00e9cision implicite de rejet de leur demande. Elle demandait \u00e9galement au tribunal d\u2019ordonner au gouvernement de prendre une loi r\u00e9pondant \u00e0 leur demande.<\/p>\n Le Conseil d\u2019\u00c9tat a rejet\u00e9 le recours de l\u2019association. En effet, le fait pour le gouvernement de s\u2019abstenir de soumettre un projet de loi au Parlement rel\u00e8ve des rapports entre les pouvoirs publics constitutionnels et une association ne peut donc demander \u00e0 un tribunal d\u2019ordonner au gouvernement d\u2019adopter une loi.<\/p>\n Les Echos Publishing 2022<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" Deux d\u00e9cisions r\u00e9centes rendues par le Conseil d\u2019\u00c9tat illustrent les situations dans lesquelles une association peut demander en justice l\u2019annulation de d\u00e9cisions prises par le gouvernement.<\/p>\n","protected":false},"author":5,"featured_media":15744,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"_acf_changed":false,"_seopress_robots_primary_cat":"","_seopress_titles_title":"","_seopress_titles_desc":"","_seopress_robots_index":"","_monsterinsights_skip_tracking":false,"_monsterinsights_sitenote_active":false,"_monsterinsights_sitenote_note":"","_monsterinsights_sitenote_category":0,"footnotes":""},"categories":[51,35],"tags":[30],"class_list":["post-15743","post","type-post","status-publish","format-standard","has-post-thumbnail","hentry","category-autres","category-juridique","tag-associations","typo-actualite"],"acf":[],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/www.bizouard.com\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/15743","targetHints":{"allow":["GET"]}}],"collection":[{"href":"https:\/\/www.bizouard.com\/wp-json\/wp\/v2\/posts"}],"about":[{"href":"https:\/\/www.bizouard.com\/wp-json\/wp\/v2\/types\/post"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.bizouard.com\/wp-json\/wp\/v2\/users\/5"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.bizouard.com\/wp-json\/wp\/v2\/comments?post=15743"}],"version-history":[{"count":1,"href":"https:\/\/www.bizouard.com\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/15743\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":15772,"href":"https:\/\/www.bizouard.com\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/15743\/revisions\/15772"}],"wp:featuredmedia":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.bizouard.com\/wp-json\/wp\/v2\/media\/15744"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/www.bizouard.com\/wp-json\/wp\/v2\/media?parent=15743"}],"wp:term":[{"taxonomy":"category","embeddable":true,"href":"https:\/\/www.bizouard.com\/wp-json\/wp\/v2\/categories?post=15743"},{"taxonomy":"post_tag","embeddable":true,"href":"https:\/\/www.bizouard.com\/wp-json\/wp\/v2\/tags?post=15743"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}
\n Conseil d\u2019\u00c9tat, 10e et 9e\u00a0chambres, 25\u00a0mai\u00a02022, n\u00b0\u00a0451846
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\n Conseil d\u2019\u00c9tat, 4e\u00a0chambre, 15\u00a0juin\u00a02022, n\u00b0\u00a0447544
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