L’association du Libra, la future monnaie dématérialisée, vient d’enregistrer un désistement de taille : celui de PayPal. Le spécialiste mondial des paiements en ligne sécurisés a ainsi fait savoir, via un communiqué adressé à TedCrunch le 4 octobre dernier, qu’il « avait pris la décision de renoncer à sa participation à l’association Libra », mais que pour autant, il continuait « de rester favorable aux aspirations du projet Libra » et restait disponible pour échanger avec Facebook sur les moyens à mettre en œuvre pour travailler ensemble à l’avenir. En réponse, l’association Libra s’est contentée de rappeler qu’il fallait « une certaine audace et du courage pour entreprendre une entreprise aussi ambitieuse que la création du Libra ». Et qu’il valait mieux « connaître maintenant ceux qui pouvaient manquer d’un tel engagement plutôt que plus tard ». Ambiance !
Ce désistement, s’il ne remet pas en cause la création de la cryptomonnaie, dont le lancement est attendu en juin 2020, vient confirmer que le doute commence à toucher ses soutiens de la première heure comme Visa et Mastercard, ainsi que l’affirme le Wall Street Journal. En cause, l’ire des États et de leurs banques centrales qui, depuis l’annonce du projet, pointent les risques en matière de blanchiment de l’argent, de protection des données personnelles et même de déstabilisation des économies. Sans parler des critiques de principe notamment celle de Tim Cook, le patron d’Apple, pour qui, rapporte Les Echos, « La monnaie, comme la Défense, doit rester dans les mains des États, c’est au cœur de leur mission. Nous élisons nos représentants pour assumer des responsabilités de gouvernement. Les entreprises ne sont pas élues, elles n’ont pas à aller sur ce terrain ».
Une enquête de l’Union européenne
Les attaques ne sont pas qu’américaines. Les Européens marquent également leur inquiétude au point que les autorités de la concurrence de l’UE ont commencé, dès la fin de l’été, à enquêter pour définir « la dimension potentiellement anticoncurrentielle » de la future cryptomonnaie, rappelle Bloomberg. Un questionnaire a même, selon le Financial Times, été adressé en fin de semaine dernière à Facebook et aux responsables de l’association Libra. L’objectif pour la Commission étant de savoir si l’Union devra légiférer pour encadrer le Libra ou une autre cryptomonnaie de cette envergure. Quant à la France, elle a déjà affirmé, par la voix de Bruno Le Maire, son opposition à un tel projet et souhaite que soit menée une « réflexion sur une monnaie numérique publique émise par les banques centrales qui garantirait la sécurité totale des transactions, leur rapidité, leur simplicité et leur gratuité ».
Les Echos Publishing 2019