Annoncé en juin dernier, le lancement du Libra, la monnaie électronique de Facebook, ne laisse personne indifférent, y compris dans les plus hautes sphères de l’État comme l’illustre une récente déclaration de Bruno Le Maire. Interrogé par les journalistes du quotidien La Croix le 5 septembre dernier, le ministre de l’Économie s’est dit opposé au fait « qu’une entreprise privée se dote des moyens de la souveraineté d’un État ». Il a, en outre, rappelé qu’au cours du G7 des ministres des Finances qui s’est tenu à Chantilly, « tous les États membres ont fait part de leur préoccupation et de leur vigilance sur ce sujet ». Une inquiétude déjà exprimée par Mark Carney, le gouverneur de la Banque d’Angleterre, en août dernier.
Un contre-projet
Lors des assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale qui se tiendront cet automne, Bruno Le Maire a affirmé qu’il souhaitait que s’engage une « réflexion sur une monnaie numérique publique émise par les banques centrales qui garantirait la sécurité totale des transactions, leur rapidité, leur simplicité et leur gratuité ». L’objectif étant clairement de couper l’herbe sous le pied de Facebook en créant une monnaie électronique internationale permettant d’opérer rapidement et à moindre frais des paiements (y compris des micro paiements) à l’étranger tout en garantissant la sécurité totale des transactions. Une ambition que porte également le projet Libra de Facebook qui devrait voir le jour courant 2020.
Vous avez dit Libra ?
Basé sur la technologie blockchain, le Libra devrait, dans un premier temps, servir de monnaie d’échange virtuelle aux utilisateurs des outils de l’univers Facebook. À terme, compte tenu de sa simplicité d’utilisation, de la faiblesse des frais de transaction et de sa stabilité, il pourrait être adopté comme système de paiement bien au-delà du réseau. Un développement que redoutent les États et leurs banques centrales.
Pour garantir sa stabilité, le Libra sera adossé à un panier composé des devises les plus « solides » (dollar, euro, livre sterling et yen). Quant à sa gouvernance, elle devrait être assurée par une fondation de droit suisse basée à Genève.
Les Echos Publishing 2019